Maintenant que vous savez quels livres j’ai adorés en 2019 (et ceux que j’ai beaucoup aimés), il est maintenant temps de dévoiler ceux auxquels je n’ai pas accroché… Et parfois, la métaphore est méliorative tant j’avais hâte que mon supplice se termine. Les critiques seront brèves, je ne voulais pas consacrer mon temps à dire du mal de livres que beaucoup d’autres que moi aimeront probablement.
C’est donc parti pour : les pires lectures de 2019.

Les livres 3 étoiles

  • Marcel Proust, Du côté de chez Swann (premier tome de « A La recherche du temps perdu)

Commençons donc par Proust. Auteur cité régulièrement comme grand ponte de la littérature française, conseillé par beaucoup et considéré comme « au-delà de toute critique », eh bien tant pis pour les puristes, je commence ma liste des livres que j’ai peu aimés par Du côté de chez Swann.

Voilà un livre que je pensais avoir du mal à lire, tant sa longueur fait peur et donne de terribles souvenirs aux collégiens. Ca ne m’a personnellement pas posé problème, c’est un style travaillé mais qui se lit bien.
Ce roman autobiographique est une formidable description du 20e siècle ainsi que du quotidien de l’écrivain. D’ailleurs, il ne s’agit pas de n’importe quel quotidien. Nous entrons dans la vie d’une famille rurale extrêmement bourgeoise, où personne ne fait rien de ses journées à part espérer que la domestique prépare un repas meilleur que celui de la veille, ou encore se moquer d’un invité qui arrive à midi, alors que tout le monde sait que chez les Proust, on mange à 11h30.
Bref, rien d’étonnant à ce que notre Marcel bien connu ait trouvé le temps d’écrire toutes ces pages…

  • Boualem Sansal, 2084 (Algérie)

Encore un livre aux multiples prix qui ne m’a pas enchantée. J’ai trouvé cette dystopie très inégale, avec de beaux passages dénonçant les intégrismes religieux de tous bords, le rôle des médias dans la création d’une histoire inventée de toute part, et d’autres passages peu clairs et peu intéressants, où on ne sait pas où l’auteur veut en venir. J’ai été contente de voir venir la dernière page.

  • Sandra Scoppettone, De peur et de larmes (USA)

J’avais trouvé ce livre dans un « boîte à livres » le jour de mon déménagement ; eh bien maintenant que je l’ai lu, je serai bien contente de l’y remettre.
Le style n’est pas incroyable, la traduction non plus, il y a des problèmes de didascalies qui font qu’on ne sait plus qui dit quoi… Et surtout, on se doute vers la moitié du roman de l’identité de l’assassin.
Pour résumer grossièrement (attention, spoiler) : on suit une shérif de Virginie habituée à un travail assez routinier et qui va être confrontée à un meurtrier en série. le meurtrier est en réalité son ex-mari qu’elle décrit comme un psychopathe, prêt à tout pour lui nuire. Il va notamment tuer la fille de la shérif, de nombreuses autres jeunes filles mineures et faire porter le chapeau au nouveau petit-ami de la shérif. Tout un programme… (fin du spoiler)

J’ai bien aimé le fait que l’autrice dénonce le sexisme latent dans la fonction policière : de ceux qui l’appellent « m’dame » au lieu de « shérif » en passant à ceux qui s’adressent à son lieutenant plutôt qu’à elle, pensant qu’en tant qu’homme il est sûrement plus haut hiérarchiquement. le racisme encore bien présent aux USA dans les années 2000 est également critiqué.
Si vous êtes nostalgiques de la technologie du début de siècle, vous devriez vous y plaire : les policiers s’extasient d’avoir trouvé le bouton « on » sur la tour, expliquent tout le parcours nécessaire pour atteindre le dossier « mes documents »… Toute une époque 🙂

Bref, si vous n’avez plus rien à lire, vous pouvez tenter la lecture de de peur et de larmes. Si vous n’êtes pas trop exigeant, ça pourrait même vous plaire !
(ah oui, un dernier spoiler : dans la couverture de Pocket, on voit une femme portant l’étoile de « shérif » qui a l’air morte… Eh bien que nenni, j’ai pensé jusqu’à la fin que la shérif que l’on suit allait mourir, mais non. du coup, je me demande pourquoi ils ont choisi cette couverture qui induit en erreur… )

  • Yôko Ogawa, Le petit joueur d’échecs (Japon)

Deuxième roman de Yôko Ogawa que je lis, deuxième fois que je ne suis pas convaincue. Non pas qu’il soit mauvais, au contraire, il y a beaucoup d’éléments qui me plaisent. Mais il y a quelque chose dans le style qui me dérange. Je le qualifierai de « trop esthétique ». On est dans la beauté de la phrase, on a l’impression d’avancer parmi des images dans la brume ; peut-être que c’est beau mais en attendant on ne voit rien. On ne sait pas où on va, il ne se passe pas grand chose. Sans compter les nombreux rappels à la cicatrice/moustache du jeune homme, qui la caresse souvent ; d’autres personnages y font aussi allusion, notamment sa grand-mère qui la touche également. Très gênant à lire.

  • José Saramago, L’aveuglement (Portugal)

Un homme devient soudain aveugle. C’est le début d’une épidémie qui se propage à une vitesse fulgurante à travers tout le pays. Mis en quarantaine, privés de tout repère, les hordes d’aveugles tentent de survivre à n’importe quel prix. Seule une femme n’a pas été frappée par la « blancheur lumineuse. » Saura-t-elle les guider hors de ces ténèbres désertées par l’humanité ?

Un livre qui s’annonçait passionnant, et qui ne l’est finalement pas.
L’auteur n’a poussé aucun des thème qui m’auraient intéressée, mis à part la méchanceté et l’égoïsme des hommes lorsqu’ils sont acculés à leur destin.

Le livre 2 étoiles

Il est très rare que je note un livre en dessous de 3 étoiles. Il y a souvent un style, des passages intéressants et émouvants qui rattrapent la catastrophe. Mais parfois pas.

Après cette sélection de livres 3 étoiles, plus ou moins bons, et surtout plus ou moins mauvais, j’ai nommé : le pire livre de 2019. C’est d’autant plus frustrant qu’il est encensé par de nombreux critiques et très reconnu dans le monde la science-fiction. J’ai nommé…

  • René Barjavel, La nuit des temps

Une critique rapide pour un livre ô combien vanté et qui ne m’a pas du tout plu… En dehors du début très intéressant où on découvre le travail de scientifiques en antarctique, le reste est extrêmement plat et prévisible.
Sans compter les personnages manichéens avec des stéréotypes de genres dignes de caricatures : Eléa est « la » femme idéale, extrêmement belle et douce (pléthore de lignes de description de ses cuisses musclées mais galbées, sa poitrine etc) ; Païkan est l’homme idéal, scientifique brillant dont on ne sait quasiment rien, mis à part le fait qu’il est extrêmement intelligent… Les deux s’aiment d’un amour pur et fidèle, qui donne lieu à des déclarations dignes d’élèves de CM2 se draguant par sms : « Oh Eléa tu es si belle/Oh Païkan, tu es si intelligent ».

Les deux amoureux doivent être ramenés à la vie par un procédé peu fiable. Hop, tous les scientifiques se mettent d’accord : autant sacrifier la femme en premier, au pire elle meurt, et ils pourront améliorer la technique pour l’homme, qui lui, possède sûrement le savoir. Spoiler : c’est effectivement l’homme qui possède le savoir. La femme n’a été choisie que pour sa beauté, elle ne sait rien et n’a été choisie pour former des descendants en beaux et en bonne santé. Finalement, elle se réveille, n’a rien à leur apprendre. le sauvetage de Païkan ne se passe pas bien ; il meurt. Tout le monde est triste, car malgré qu’Eléa ait attendu des milliers d’années et ait été sauvée par les scientifiques, celle-ci ne peut rien faire.

Mais le lecteur est probablement censé avoir de la compassion pour le pauvre scientifique qui en est tombé amoureux (car elle est si belle, vous suivez ?) – amour non réciproque malheureusement, car le coeur d’Eléa appartient à Païkan (pour ceux du fond qui n’auraient pas suivi !)
A fuir

Fin du bilan 2019 : une conclusion

Alors bien-sûr, quand on voit le contenu des livres que j’ai peu aimés, on peut penser que j’aurais dû m’en douter. Passer de jeunes femmes nigérianes féministes à un homme blanc qui a gagné de nombreux prix ; passer de médecins engagés pour la santé des femmes à un fade polar américain… Forcément. Moi-même je l’ai vu venir. Mais il faut bien laisser une chance aux classiques, et aussi à tous les livres « non conformes dans le genre littéraire », si vous voyez ce que je veux dire. C’est peu concluant pour cette année, mais souhaitons que l’année prochaine m’apporte de belles surprises !

Et voilà, le chapitre des lectures de 2019 se referme, et un nouveau s’ouvrira dès demain avec de nombreuses belles lectures qui m’attendent pour 2020. J’ai notamment pour objectif de lire au moins vingt livres écrits par des femmes, et de lire des autrices étrangères, originaires de pays que je n’ai jamais lus (Inde, Australie, Islande, Groenland…). J’ai très hâte !
Et vous, avez-vous des objectifs littéraires ? Dites-moi dans les commentaires !