Après tout juste 11 livres lus en 2018 (merci la lecture en langue étrangère qui multiplie le temps par cent), j’avais décidé de m’y remettre sérieusement. Ni une ni deux, j’ai trouvé plein de romans, essais et autres autobiographies, soit en en format « epub » pour mettre dans ma liseuse, soit en occasion, pour lire un maximum en économisant de l’argent !

Et c’est avec joie et bonheur que je vous annonce que j’ai lu cette année 29 livres !

*feux d’artifice et Apfelschorle*

Dans tous ces livres, il y avait 16 autrices différentes, et quelques livres étrangers : Nigeria bien-sûr, mais aussi Québec, Rwanda, Algérie, USA, Portugal, Japon, Corée et… Allemagne
Comme quoi, un peu de motivation, de temps et de bons livres qui nous empêchent de les refermer tant ils sont intéressants, et hop : un bel objectif de fin d’année atteint.
(relire, c’est tricher : je n’ai pas compté dans les 29 les 6 relectures de Pierre Bottero, coeur coeur sur Ellana, Ewilan, et tous ses romans)

Alors, vous demandez-vous, qu’est-ce que j’ai bien pu lire ? Et qu’est-ce que je vous conseille ?

Je vous propose donc un bilan, des meilleurs livres aux grosses déceptions, afin d’aiguiller votre lanterne. Et, parce que je suis sympa, on va commencer par les meilleurs, les best of the best, ceux que vous pouvez acheter les yeux fermés !

Les livres 5 étoiles

Je les ai adorés, je les recommande à qui veut l’entendre, leur contenu est d’utilité publique, c’est parti pour les livres 5 étoiles !

  • Fred Vargas, Petit traité de toutes vérités sur l’existence
    (rappelons au passage qu’il s’agit bien d’une autrice, et non d’un auteur)

Un essai court et hilarant, probablement le livre le plus drôle que j’ai lu cette année.
A défaut d’éviter les broutilles et « vagabonder en fourvoiement », Fred Vargas nous emmène dans son quotidien d’écrivaine, à attendre que sa chère sœur la rappelle, que son amant lui réponde (même si après plusieurs semaines de silence radio, on pourrait en douter) pendant qu’elle lutte pour tenir son abstinence d’alcool pour terminer ce traité qui se doit d’être… exemplaire !

Eh oui, car depuis les philosophes grecs jusqu’à aujourd’hui, tout le monde essaye d’écrire des vérités générales à base de trouver le bonheur / garder son homme / faire des enfants pas capricieux, mais visiblement, ce n’était pas assez clair, sinon le monde n’en serait pas ce qu’il serait !
Bref, pas sûre et certaine que vous aurez trouvé toutes les vérités dont vous aurez besoin dans ce livre, mais au moins, vous aurez passé un excellent moment !

  • Benoîte Groult, Mon évasion

Une autobiographie drôle et passionnante que Benoîte Groult a achevée à 88 ans. Elle y raconte toutes les anecdotes qui ont forgé la féministe qu’elle est : à commencer par son non-féminisme jusqu’à ses 50 ans, où elle avortait encore clandestinement (ou encore d’autres fois, chez elle avec un cintre) parce que son mari ne voulait pas porter de préservatifs car elle était « sa femme » et non « une prostituée ». De même, elle y raconte comment elle s’est mise à l’écart pour que son mari ait la vie qu’il voulait et puisse y briller.

Il est également question du désir ou non d’avoir un enfant, de ses amours et de ses divorces, et également de sa lutte pour la féminisation de la langue (« écriture inclusive » comme on dirait aujourd’hui).
C’est un témoignage d’utilité publique pour ne pas oublier que les droits essentiels des femmes ont été acquis très récemment et pourront à tout moment être remis en question.

  • Martin Winckler, Les Trois Médecins (France/Québec)

J’avais adoré le Choeur des femmes et les Brutes en blanc, j’ai été de nouveau conquise par ce roman de Martin Winckler. C’est un livre d’une grande humanité qui se lit très facilement. On y suit 4 amis pendant leurs sept années d’études de médecine : tout ce qui va leur arriver à l’université (les médecins qui aiment humilier ou les bons soignants qui transmettent leur savoir), mais aussi en dehors: relations amoureuses, amicales et familiales, engagement politique, décès des proches.

Comme d’habitude avec Martin Winckler, qui est un ancien médecin, la critique de la médecine française est passionnante – et d’utilité publique.
Il aborde dans ce roman des thèmes qui lui sont chers : l’élitisme et la quasi féodalité des études de médecine, réservées en grande partie aux bourgeois et aux enfants de médecin ; la quasi impunité des étudiants et des professeurs vis à vis de la loi ; les connivences entre laboratoires et médecins, prêts à prescrire n’importe quel médicament inutile avec beaucoup d’effets indésirables, pourvu qu’on leur paye une semaine de vacances au soleil ou au ski…

On retrouve également la maltraitance médicale et le refus d’informer les patients des risques qu’ils encourent (on rencontre dès le début une jeune femme atteinte d’un cancer du sein ; le chirurgien « saigneur » préfère lui enlever son sein plutôt que d’enlever seulement la tumeur, au motif que « c’est quand même plus simple ». Il est aussi question de nombreux patients mourants auxquels on refuse de dire la vérité sur leur maladie « pour ne pas les faire souffrir »).

Ce livre est aussi un plaidoyer pour la santé des femmes : recours éclairé à la contraception (qu’on pose enfin des stérilets aux femmes nullipares, et qu’on explique aux femmes prenant la pilule les dangers qu’elle comporte) ; avortement légal pour toutes et partout. Il est aussi question des femmes qui ne voulaient pas d’enfant et qui en ont eu, et de celles qui en veulent mais qui n’en auront pas.

Je conseille ce livre à toutes celles et ceux qui n’auront pas peur de se lancer dans un pavé de 750 pages. L’émotion est au rendez-vous : on pleure, on rit, et on en apprend beaucoup sur le domaine peu critiqué de la médecine.

  • Anne Adam (Collectif), Au bal des actifs : Demain le travail

Et voilà un excellent recueil de nouvelles dystopiques que j’avais trouvé par hasard dans une librairie d’occasion. On y retrouve des grands noms de la science-fiction : Catherine Dufour, Alain Damasio… Chacune des nouvelles est croustillante et aborde son lot de thèmes modernes : robotisation, destruction des droits des travailleurs, uberisation, bullshit-jobs, etc. Ca se lit très bien, pour des lecteurs jeunes et moins jeunes, c’est passionnant, et ça fait surtout très peur quant au monde du travail de demain !

  • Virginie Despentes, Vernon Subutex

Tome 1 : Une belle description des réalités sociales du 21e siècle, avec ses classes dominantes et celles, pauvres et marginalisées, qui essaient de survivre. On y rencontre des bourgeois, des héritiers, des traders, mais aussi un ancien disquaire devenu SDF (Vernon, le personnage principal), des prostituées, des personnes trans. le tout sur fond de rock, avec des références nombreuses et savoureuses pour qui a en tête les musiques citées.
Un très bon roman, mais moins acerbe et provoquant qu’il n’aurait pu l’être, si on compare à Bye bye Blondie ou King Kong Théorie.

Le tome 2 de Vernon Subutex revient plus piquant et sombre que le premier, on est content de retrouver la Virginie Despentes qu’on aime… Enfin, que j’aime 🙂
Elle nous brosse un portrait macabre du monde de la musique, et comment celui-ci traite ses plus grands artistes… Drogue, sexe, manageurs douteux, on est finalement pas si jaloux d’Alex Bleach.
Il y a également de très beaux passages de sororité après le viol d’une des femmes du groupe d’amis de Vernon, et une dénonciation de toutes les violences faites aux femmes (violence conjugale, agressions sexuelles, harcèlement etc) et de l’inaction de la justice. Despentes aborde aussi la question de la vie « après ça ». Entre culpabilité, dégoût, pardon et rédemption. Ça fait du bien de lire une autrice qui en parle !

Un troisième tome à la hauteur du deuxième ! A se demander si Virginie Despentes n’a pas écrit le tout le premier tome de façon plus policée à des fins commerciales, pour ensuite pouvoir se permettre d’être davantage elle-même.
Bref, ce troisième volet m’a beaucoup plu. L’ambiance générale sex drug and rock&roll bien-sûr, le groupe des amis hétérogènes, mais aussi quelques passages magnifiques, notamment sur la résilience des femmes après un viol, et sur l’impunité que confère le pouvoir… le tout sur fond d’attentats au Bataclan et Nuit Debout.
Un dernier tome éminemment politique qui donne à réfléchir quant aux vrais visages de la terreur.

Voilà voilà pour mes livres préférés de 2019 ! Deux autres articles suivront très bientôt avec de nouvelles recommandations et de nouvelles critiques pour vous aider à lire plein de belles choses pour l’année 2020 qui approche !

Les articles ont été écrits ! Cliquez ici pour connaître les autres livres que j’ai beaucoup aimés et ici pour les pires livres de 2019.

Dites-moi dans les commentaires quels ont été vos livres préférés cette année 🙂