Quelques écrivaines francophones
Ça y est, vous en savez plus qu’il n’en faut au sujet des écrivaines, et vous voulez faire le grand saut ? Par quoi commencer ? Ou plutôt, par qui ?
Je vous suggère de commencer par des écrivaines francophones, pour la simple raison que vous pourrez lire exactement ce qu’elles ont écrit, et non des traductions qui, souvent, ne peuvent pas retranscrire les mêmes concepts, blagues, ou même la poésie. De plus, nous avons de la chance d’avoir un très grand nombre d’écrivaines qui ont écrit dans notre langue de livres merveilleux et souvent peu connus, pourquoi nous en priver ?
Voici donc une petite liste non exhaustive d’écrivaines francophones très talentueuses :
Marguerite Yourcenar
La connaissez-vous ? Cette écrivaine a été la première femme élue membre de l’Académie française ! Ce n’est pas rien, d’autant qu’aujourd’hui encore, peu de femmes lui ont succédé. Elle a écrit 77 livres, dont l’Oeuvre au Noir et les Mémoires d’Hadrien. Ses ouvrages sont remarquablement bien écrits, ce qui montre bien à quel point les notions d’écriture « féminine » ou « masculine » sont infondées. Petite précision : si vous n’avez jamais réussi à terminer de livre de Zola ou Stendhal, vous pourriez avoir du mal avec cette écrivaine…
L’œuvre : Mémoires d’Hadrien (1951). L’empereur Hadrien, mourant, écrit une longue lettre dans laquelle il relate son existence, faite de gloire, de stratégies, mais nous raconte également sa tourmente face à la mort, au temps. Ce dernier, très rigoureux dans sa pensée comme dans sa façon de revenir sur sa vie nous fait aussi part de sa vision de l’esthétisme, de l’art ou de la dualité corps/esprit.
Virginie Despentes
Ecrivaine féministe tant adorée que détestée, elle a un style très facile et agréable à lire. Son vocabulaire très franc et souvent « trash » peut dérouter, toutefois ce n’est pas pour le plaisir de choquer. Souvent très drôle, avec une vision acide et désabusée sur la société, elle refuse toute hypocrisie et construit ses héros et héroïnes en s’inspirant de ce qu’elle a vécu : drogue, sexe, prostitution, viol… Et ça fait du bien aux lecteurs-trices de sortir de l’écueil de la femme belle et passive attendant d’être sauvée et mariée à un riche patron !
L’œuvre : King Kong Théorie (2006). Ce « Manifeste pour un nouveau féminisme » pose les bases des inégalités femmes/hommes, et pourquoi celles-ci ne seront pas résolues tant que la société fonctionnera sur un mode binaire : dominateurs ou dominées, agresseurs ou agressées…
Fred Vargas
Contrairement à ce que son pseudonyme laisse penser, Fred Vargas est bien une femme. Et quelle femme ! Titulaire d’un doctorat en histoire sur la peste au Moyen Âge, elle travaille un temps comme chercheuse au CNRS avant de gagner des prix pour ses romans policiers, ce qui l’amènera à se lancer en tant qu’écrivaine. La plupart de ses romans mettent en scène le Commissaire Adamsberg que l’on voit évoluer au fil de ses enquêtes. Son style est assez poétique, drôle, les personnages sont souvent loin des clichés de genre, le suspens est présent et rien n’est glauque à vous faire cauchemarder pendant une semaine : parfait pour un bon moment de lecture !
L’œuvre : Pars vite et reviens tard (2001). Cette nouvelle enquête du Commissaire Adamsberg a lieu en Bretagne. Nous rencontrons Joss Le Gern, ancien marin devenu crieur sur la place publique, qui reçoit des nouvelles inquiétantes. Parallèlement, des chiffres apparaissent sur les portes de certains habitants des alentours. Ce roman condense toute la science de Fred Vargas sur le Moyen-Age ainsi que tout son humour !
Agota Kristof
Ecrivaine hongroise qui a dû s’exiler en Suisse avec son mari et leur fille à 21 ans, elle doit d’abord travailler durement à l’usine avant de devenir écrivaine, dans sa nouvelle langue d’adoption, le français. A la fois dramaturge, romancière, novelliste et poétesse, elle excelle dans tous les genres et reçoit de nombreuses récompenses. Elle est également l’autrice des Jumeaux, qui a eu un grand succès et a été adaptée au cinéma.
L’œuvre : C’est égal (2006). Petit recueil de nouvelles de quelques pages, minimalistes, incisives, drôle ou désespérées, on y retrouve l’essence du style d’Agota Kristof. L’atmosphère y est souvent poétique, étrange, souvent douce, parfois tristement réelle.
Mariama Bâ
Mariama Bâ est une femme de lettre sénégalaise, élevée dans un milieu musulman traditionnel, qui s’est vite fait remarquer pour ses excellents résultats à l’école. Future enseignante, elle écrira deux livres avant de mourir d’un cancer. Mais Mariama Bâ n’est pas seulement écrivaine, elle s’est également engagée pour l’éducation et les droits des femmes, forte de son expérience personnelle (tant sa réussite professionnelle que sa vie couple et de maman : 3 divorces et 9 enfants).
L’œuvre : Une si longue lettre (1979). C’est une grande lettre d’une femme veuve à sa meilleure amie. Elle s’y confie et lui raconte tout, son mariage à la mort de son mari, en passant par le second mariage de son mari avec une très jeune fille… Elle y évoque donc la dure condition des femmes africaines, entre mariages forcés, polygamie, appartenance à la belle-famille et castes sociales empêchant les femmes de s’émanciper.
Et vous, quelles sont vos écrivaines préférées ? 🙂
1 comments